Préparer la liturgie

Les équipes liturgiques préparent la messe d’un dimanche. L’équipe médite la Parole de DIEU et grandit spirituellement, tout en se mettant au service de la communauté paroissiale…

 

« La liturgie est une action de tous les membres de l’Eglise, de tout le peuple de Dieu. Elle est la source et le sommet de la vie chrétienne de l’Eglise ».

Les équipes liturgiques ont donc pour mission, avec le prêtre, d’être des acteurs à part entière de la célébration liturgique qui est toujours, rappelons-le, la célébration de la parole de Jésus et de son Eucharistie ainsi que de sa mort et de sa résurrection.

L’équipe liturgique est composée de quelques personnes qui préparent deux fois par trimestre la messe du dimanche dont elles lisent et méditent ensemble les lectures proposées.

Elles sont en lien avec les animateurs de chants et organistes, elles prévoient l’animation de la liturgie : elles préparent à tour de rôle une célébration liturgique dominicale, 15 jours avant la date de la messe :

  • déroulement de la liturgie
  • accueil
  • prière universelle
  • chants

Ces équipes doivent tenir compte pour le déroulement : des lectures, psaume et évangile du jour, si ce dimanche n’a pas de consonance particulière (dimanche de la mission, de la paix, de la santé, pour les vocations…) ou un dimanche de fête (Noël, Pâques, Pentecôte…)

Si la mission de l’équipe liturgique semble vaste, elle est ouverte à tous, et n’est pas du tout réservée à des professionnels. Quelque soit votre formation, n’hésitez pas à nous rejoindre pour approfondir votre foi, pour participer à un service d’Église qui s’inscrit au cœur de la célébration eucharistique. Ce service tout humble est infiniment précieux.

Précisons que si l’équipe liturgique doit tout préparer, ce ne sont pas forcément ses membres qui feront tout. Ils peuvent par exemple demander à des paroissiens de lire les lectures.

 

Des pistes pour suivre le déroulé de la messe et bien préparer la liturgie

Le Concile Vatican II a voulu favoriser une « participation pleine, consciente et active de tous les fidèles » (Sacrosanctum Concilium n°14).

Le document de référence pour préparer une messe s’appelle la Présentation Générale du Missel Romain, document qui se trouve au début du missel qui est utilisé par le prêtre pour célébrer la messe. La dernière édition date de 2002 et est disponible sur internet. Ce document précise le sens de chaque rite, parole ou geste, et propose diverses manières de le mettre en œuvre en fonction des circonstances.

On veillera à la fois à être fidèle aux rites proposés afin d’entrer dans la « foi reçue des apôtres » et de s’effacer humblement devant un mystère qui nous dépasse, mais aussi à utiliser les diverses possibilités offertes par le missel pour ne pas faire du rite un ritualisme sec, et manifester ainsi l’éternelle nouveauté de la vie du Christ. L’humilité, le discernement, la prière mais aussi une certaine liberté sont des qualités requises pour entrer dans une animation liturgique authentique.

Les questions à se poser

– Quel est le temps liturgique en cours (Avent, Noël, Carême, Temps pascal… Temps ordinaire) et ses particularités ? Voici l’année liturgique sous forme de schéma avec les principales solennités :

On veillera à bien marquer les différents temps liturgiques : les temps de Noël et de Pâques seront particulièrement festifs alors que ceux de l’Avent et du Carême, sans être tristes pour autant, seront plus retenus car ce sont des temps de pénitence et de conversion.

– Y a-t-il une fête inscrite au calendrier ou est-ce un jour dit de la « férie » (c’est-à-dire un jour normal sans fête particulière) ? Et si c’est une fête, quel en est le degré ? Voici ci-dessous les différents degrés de fêtes :

Solennité → Trois lectures propres, Gloria, Credo

Fête → Deux lectures propres, Gloria

Mémoire (facultative ou obligatoire) → Deux lectures propres ou de la férie
Évidemment, une solennité ou une fête sera plus déployée qu’une mémoire ou un simple jour « de la férie ». Par exemple, pour un jour normal en semaine, on n’est pas obligé de chanter tout l’ordinaire, on pourra par exemple dire le Kyrie ou l’Agnus.

– Quel est le type d’assemblée ? Les fidèles sont-ils des pratiquants réguliers ou occasionnels ? Est-ce un public qui peut apprendre rapidement de nouveaux chants ? Il est important de se souvenir qu’il faut rechercher une « participation pleine, consciente et active ». On évitera donc de prendre des chants que l’on aime beaucoup mais que personne ne connaît ou qui ne parleront pas du tout aux fidèles. Il s’agit de permettre à l’assemblée d’entrer dans la célébration du mystère pascal et de le vivre. L’enjeu n’est pas tellement d’entendre à la fin de la messe : « bravo, vous chantez très bien » mais plutôt « J’ai vraiment vécu un moment fort avec Dieu » ou « la messe était très priante ».

– Quel support est proposé à l’assemblée pour encourager sa participation ? Un carnet de chant, une feuille de messe, un écran ?

– Quels sont les différents acteurs qui auront un rôle chanté ou musical pendant la célébration (président, soliste, schola, grand ou petit chœur, orchestre, assemblée) et quelles sont leurs talents musicaux ? On s’ajustera aux capacités du lieu et du jour. Même si une « participation pleine, consciente et active » est possible lorsqu’on écoute une chorale interpréter une pièce musicale, on veillera à ne pas faire de nos assemblées des concerts et à favoriser le chant de tous car « chanter, c’est prier deux fois ».

Comment choisir un ordinaire de messe ?

Il est préférable de choisir un unique ordinaire de messe pour une même célébration. L’unité musicale facilite la mémorisation et la participation de l’assemblée et permet de marquer davantage le climat spirituel de telle ou telle fête ou temps liturgique.
On choisira donc l’ordinaire de messe en fonction du degré de la célébration et du répertoire connu par l’assemblée.
À titre d’exemple, on pourra retenir la Messe de Saint Paul, de Saint Boniface, de l’Emmanuel, du Sacré Cœur ou de Saint Jean pour des occasions plus festives ; la Messe de Saint Thomas, de la Visitation ou du Kadosh pour des jours plus ordinaires.

La messe au fil des chants

Rites d’ouverture

1) Chant d’entrée

Le chant d’entrée est la porte d’entrée de la célébration, il exprime et réalise l’union des fidèles rassemblés, il aide à entrer dans le mystère célébré et accompagne la procession d’entrée du prêtre et des ministres.
Le chant d’entrée doit favoriser le chant de tous : on choisira de préférence un répertoire participatif en privilégiant des textes « communautaires » (en « nous » plutôt qu’en  » je »). N’oublions pas que les messes dominicales sont avant tout célébration du mystère pascal , mémorial du Christ mort et ressuscité !

Il commence au début de la procession des ministres et se termine quand ceux-ci sont arrivés à leur siège.

Si aucun chant d’entrée n’est prévu, on lit l’antienne d’ouverture prévue par le Missel.

2) Préparation pénitentielle et acclamation au Christ

Après l’invitation du prêtre, on garde un temps de silence pendant lequel tous, ministres et fidèles, se préparent à invoquer la miséricorde de Dieu.
Pour la prière pénitentielle et l’acclamation au Christ, on choisira une des quatre formes prévues par le Missel :

• Prière pénitentielle du « Je confesse à Dieu » récité + Acclamation du Kyrie (récité ou chanté)
• Prière pénitentielle du « Seigneur, accorde-nous ton pardon… » + Acclamation du Kyrie (récité ou chanté)
• Triple invocation « Seigneur Jésus, envoyé par le Père… » avec le Kyrie intégré
• Rite de l’aspersion (par exemple, pendant le Temps pascal ou aux messes dominicales…) accompagné d’un chant adapté.

3) Gloria

Le Gloria fait partie des hymnes les plus anciennes de l’Église primitive : c’est un des grands modèles de prière chrétienne. Par elle, c’est l’Église toute entière qui loue le Père, supplie l’Agneau, dans la communion de l’Esprit Saint.

Comme toutes les pièces de l’Ordinaire, on veillera à respecter le texte donné. On choisira une mélodie rendant possible la participation de tous.

Selon les indications du Missel, on chante le Gloria aux messes dominicales, solennités et fêtes. On l’omet pour les temps de l’Avent et du Carême.

Sauf impossibilité majeure, il sera plutôt chanté, soit avec toute l’assemblée, soit en alternance avec la chorale ou l’animateur. Idéalement, il est chanté sans coupure ni reprise d’un « refrain ». Si l’assemblée ne connaît pas bien le Gloria choisi, on pourra envisager d’utiliser un refrain pour favoriser la participation de tous.

Liturgie de la parole

4) Psaume responsorial

Puisque le psaume répond à la Parole de Dieu, il est préférable que la personne qui le chante ne soit pas la même que celle qui lit la Première Lecture.
Le psaume est fait pour être chanté et non récité dans toute la mesure du possible, et il suppose une participation minimale de l’assemblée (par exemple le chant de l’antienne). Cette dernière sera tirée du Lectionnaire, inspirée des paroles du psaume ou de son thème général, voire du temps liturgique ou de la fête célébrée.
S’il est chanté par un chantre, il peut être judicieux que celui-ci psalmodie sur une mélodie libre qui lui permettra de bien mettre en valeur les paroles et d’être en harmonie avec le rythme du psaume. S’il a peu l’habitude de la psalmodie libre, il pourra s’appuyer sur une psalmodie écrite simplement en improvisant quelques variations.

Le psaume peut aussi être chanté par toute l’assemblée. Elle peut par exemple le chanter en alternance avec un chantre ou avec une chorale. Dans ce cas, le refrain pourra être pris éventuellement au début et à la fin mais on évitera alors de couper le psaume. Vous trouverez à la page 131 quelques tons volontairement très simples pour rendre possible la psalmodie par l’assemblée.

5) Acclamation de l’Évangile

« Alléluia » signifie « Louez Dieu « . Cette joyeuse acclamation accompagne habituellement la procession de l’Évangéliaire de l’autel jusqu’à l’ambon.
Pendant le Carême, l’Alléluia est remplacé par une autre acclamation au Christ présent dans sa Parole. Le chant de l’Alléluia et la proclamation de son verset ayant lieu pendant que le prêtre (ou le diacre) se déplace, il ne convient pas que ce dernier proclame le verset.
Attention, la procession vers l’ambon est plus ou moins longue : veillons à ne pas mettre fin trop tôt à l’acclamation.

Après la lecture de l’Évangile, on veillera à garder la réponse « Louange à toi, Seigneur Jésus ! » plutôt que reprendre un Alléluia. En effet, à ce moment de la célébration, l’assemblée ne se contente pas d’une acclamation de joie, mais elle confesse que la Parole de Dieu, c’est le Seigneur Jésus lui-même.

6) Symbole de la foi (Credo)

Il est récité ou chanté le dimanche et les jours de solennités, selon l’une des deux formes prévues par le Missel (Symbole de Nicée-Constantinople ou Symbole des Apôtres). Il peut aussi prendre la forme baptismale (triple dialogue), utilisée lors de la Vigile pascale et dans le rituel du baptême.

7) Prière universelle

Dans la prière universelle, l’assemblée toute entière exerce sa fonction sacerdotale en suppliant et intercédant pour :
• l’Église et ses pasteurs,
• le monde et ses dirigeants,
• ceux qui souffrent ou sont dans l’épreuve,
• la communauté locale.

Pour cela, il est préférable que l’intention soit présentée à l’assemblée :  » (Frères et sœurs), prions pour… afin que… » et que les fidèles répondent par la prière (en général un refrain). Autrement dit, le vrai moment de prière n’est pas à proprement parler l’intention mais le refrain – et le silence qui peut le précéder.

L’essentiel est de veiller à la cohérence de l’ensemble, en évitant par exemple que la demande s’adresse au Père, et le refrain au Christ…

Liturgie eucharistique

8) Préparation et présentation des dons

Cette étape marque le début de la liturgie eucharistique. Le pain et le vin « fruits de la terre / de la vigne et du travail des hommes » sont présentés sur l’autel pour que, par la puissance de son Esprit, Dieu les consacre en Corps et Sang de Jésus. De la même manière, chacun des fidèles se prépare et se présente pour être uni à l’offrande de Jésus – pour que Dieu le consacre par la puissance du même Esprit.
Un chant ou une pièce instrumentale peut accompagner et aider à vivre ce moment. Ils dureront tout le temps de la présentation (y compris l’encensement).

9) Sanctus

La manière de proclamer la préface doit appeler le chant du Sanctus par l’assemblée : il est souhaitable que le Sanctus « jaillisse » de la préface (pas d’introduction musicale trop longue). Comme l’Alléluia, le Sanctus est une acclamation de joie : parmi les pièces de l’Ordinaire, ils seront donc chantés en priorité (par rapport au Kyrie, à l’acclamation d’anamnèse ou à l’Agnus Dei).

10) Acclamation d’anamnèse

L’acclamation d’anamnèse est chantée ou dite selon l’invitation choisie par le célébrant. Elle comporte les trois dimensions du « mémorial » prévues par le Missel (mort – résurrection – venue dans la gloire) et s’adresse directement au Christ. Dans le cas où l’anamnèse est chantée mais n’a pas d’introduction, le prêtre peut l’introduire en disant : « Chantons et proclamons le mystère de la foi ».

11) Doxologie conclusive

La doxologie qui conclut la prière eucharistique est dite ou chantée par le prêtre (seul). Elle est ratifiée par l’acclamation du peuple. La réponse de l’assemblée peut être plus ornée si on souhaite souligner cet Amen – le plus solennel de la liturgie eucharistique.

12) Notre Père

Le Notre Père est dit ou chanté selon les circonstances et ce qui a été convenu.

13) Agnus Dei

L’Agnus Dei, qu’il soit récité ou chanté, accompagne la fraction du pain et aide l’assemblée à entrer dans la solennité et la gravité du moment. C’est donc ce rite de la fraction qui commande le début et la fin du chant de l’Agnus Dei : on le commence au moment où le prêtre débute la fraction et on le termine où le rite s’achève. Si la fraction se prolonge, on peut reprendre l’invocation « Prends pitié de nous » autant que nécessaire. En revanche l’Agnus Dei n’est pas censé accompagner la distribution du Corps du Christ aux prêtres concélébrants.

14) Chant de communion

À chaque Eucharistie, le Christ s’offre en nourriture et nous transforme en Lui. Le chant de communion doit aider à vivre ce moment essentiel en favorisant la paix et le recueillement.

On peut proposer principalement 2 options que l’on pourra cumuler pour les grandes occasions ou si la communion est très longue :

• Soit on opte pour un chant qui commence au moment de la communion du prêtre et qui accompagne la procession des fidèles jusqu’à la fin, en leur permettant d’intervenir au moins un refrain.
• Soit on choisit un chant d’action de grâce paisible, pour prolonger la communion eucharistique en intériorisant la grâce reçue, sans pour autant oublier la dimension communautaire. Le silence aussi est très important dans la liturgie, en particulier à ce moment.

Si la longueur de la communion le requiert, pensons à intercaler des pauses musicales plutôt qu’enchaîner automatiquement tous les couplets sans pause. On peut aussi prendre plusieurs chants.

S’il n’y a pas de chant de communion (par exemple pour des messes très simples de semaine), on lit l’antienne de communion.

Rite de conclusion

15) Chant d’envoi

Même si le Missel ne prévoit pas de chant final, il est souvent d’usage d’en prendre un. Il manifeste la joie reçue par les fidèles et prolonge en quelques sortes la louange et l’action de grâce. Il n’est pas un temps de prière intériorisée, mais il prolonge le rite d’envoi comme un appel à témoigner et à partager, dans la joie, le don reçu de Dieu.

Un morceau instrumental entraînant pourra aussi accompagner ce temps de l’envoi.

Article, extrait du livret « Chanter la messe » aux Éditions de l’Emmanuel, à retrouver sur emmanuel.info

Contact : Maison paroissiale de Givry