2e DIMANCHE DE PÂQUES ou DE LA MISÉRICORDE
Le Dimanche de la Divine Miséricorde a été institué dans l’Église catholique par saint Jean-Paul II le 30 avril 2000, jour de la canonisation de Faustine Kowalska. Il fut célébré pour la première fois dans l’histoire de l’Église le 22 avril 2001.
Cette fête a été instituée en 1985, tout d’abord pour l’Archidiocèse de Cracovie par son pasteur, Mgr le Cardinal Franciszek Macharski, puis célébrée dans quelques autres diocèses de Pologne. Dix ans plus tard, en 1995, le Saint Père Jean Paul II l’a étendue sur tous les diocèses de Pologne, à la demande expresse de l’Episcopat de Pologne. Le 30 avril 2000, le deuxième dimanche de Pâques et le jour de la canonisation de sainte Faustine à Rome, le Souverain Pontife Jean Paul II l’a instituée pour l’Eglise universelle.
Le Seigneur Jésus a exprimé ce désir pour la première fois à Sainte Faustine à Plock, le 22 février 1931, lorsqu’Il révéla sa volonté en ce qui concerne le tableau de Jésus Miséricordieux :
Ma fille, parle au monde entier de mon inconcevable Miséricorde. Je désire que la Fête de la Miséricorde soit le recours et le refuge pour toutes les âmes, et surtout pour les pauvres pécheurs. En ce jour les entrailles de ma Miséricorde sont ouvertes, je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui s’approcheront de la source de ma miséricorde ; toute âme qui se confessera (dans les huit jours qui précèdent ou suivent ce Dimanche de la Miséricorde) et communiera, recevra le pardon complet de ses fautes et la remise de leur peine ; en ce jour sont ouvertes toutes les sources divines par lesquelles s’écoulent les grâces ; qu’aucune âme n’ait peur de s’approcher de moi, même si ses péchés sont comme l’écarlate. […] La Fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles, je désire qu’elle soit fêtée solennellement le premier dimanche après Pâques. Le genre humain ne trouvera pas la paix tant qu’il ne se tournera pas vers la source de ma Miséricorde. ” (Petit Journal, § 699).
« Écris, ma fille, que la Fête de la Miséricorde a jailli de mes entrailles pour la consolation du monde entier. » (PJ1517)
La date choisie par Jésus Lui-même met en évidence le rapport étroit qui existe entre le mystère pascal de la Rédemption et cette fête (PJ 89), dont la liturgie célébrait déjà Dieu, « riche en Miséricorde ».
Durant le Triduum pascal l’Église célèbre la Passion, la mort et le premier dimanche de Pâques, la Résurrection du Seigneur.
Le Deuxième Dimanche de Pâques, dans la liturgie de l’Église, les oraisons de la messe ainsi que les lectures exaltent la miséricorde infinie de Dieu. L’Évangile nous invite ce jour-là à contempler avec saint Thomas les pieds, les mains et le côté transpercé de Jésus, témoignages de la gravité du péché qui a transpercé le Christ, de notre péché qui continue à Le transpercer, mais aussi et surtout de son Amour Miséricordieux qui est plus fort que la mort, qui a vaincu la mort et le péché du monde, chacun de nos péchés a été porté et pardonné par le Christ Crucifié et Ressuscité !
Le choix de ce dimanche pour instituer la fête de la Miséricorde Divine a donc une profonde motivation théologique. Le Mystère de la Miséricorde Divine trouve en effet son reflet dans la Passion, la mort et la Résurrection de Jésus-Christ. La Rédemption est inséparable du mystère de l’amour Miséricordieux.
Le deuxième dimanche de Pâques est également un jour important car, en ce jour, l’Église fait mémoire de l’institution des deux grands sacrements : le sacrement du baptême et le sacrement de réconciliation. Ce jour-là en effet a lieu la clôture solennelle des célébrations des baptêmes des catéchumènes (c’est pourquoi on l’appelle Dimanche in albis), et l’Église proclame l’Évangile de l’institution du sacrement du pardon : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés ils lui seront remis » (Jn 20, 22-23).
L’institution du dimanche de la Miséricorde Divine ce jour-là souligne la grandeur de la Miséricorde Divine témoignée aux hommes dans le sacrement du baptême et dans le sacrement de la Réconciliation.
Le bienheureux Père Sopocko dit que : « puisque le mystère de la Rédemption continue de se réaliser dans les sacrements du baptême et de la réconciliation – il est normal que la fête de la Miséricorde soit célébrée le dimanche où l’église fait mémoire de l’institution de ces deux sacrements. Elle n’introduit aucun changement dans le cycle liturgique mais elle conduit à mieux accentuer et expliquer les textes liturgiques ». (Bienheureux Michel Sopocko, La Miséricorde de Dieu, cité dans Sainte Faustine et la Divine Miséricorde, Père Andrzej Witko, 2010)
Des promesses extraordinaires se rattachent à cette fête : le pardon total de nos péchés et la remise de leurs peines nous sont accordés ! (PJ 1109)
II s’agit là d’une indulgence plénière, comme celle reçue au baptême.
La grâce de l’indulgence plénière consiste en la rémission des seuls châtiments temporaires dûs pour avoir commis des péchés, mais elle ne remet jamais les fautes elles-mêmes. La grâce absolument extraordinaire (de cette fête) dépasse aussi toutes les grâces des 6 saints sacrements (sept, hormis le baptême), parce que la rémission de toutes les fautes et peines est uniquement la grâce sacramentelle du saint baptême. Or, le Christ a promis ici la rémission des fautes et peines en fonction de la sainte Communion reçue le jour de la fête de la Miséricorde, c’est-à-dire qu’il Il l’a élevée au rang d’un « second baptême.
Comment se préparer à la fête de la Divine Miséricorde ?
Par une neuvaine qui consiste à réciter le Chapelet à la Miséricorde Divine pendant 9 jours consécutifs, à partir du Vendredi Saint.
Quelques définitions de la Miséricorde de Dieu :
La miséricorde est une attitude caractéristique de Dieu qui peut le définir tout entier : comme le disait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, « Il n’est qu’amour et miséricorde ».
La miséricorde est révélatrice du soin dont le Père entoure ses enfants : Dieu écoute avec attention ce qui monte du cœur de l’homme ce qui provoque en Lui une attention quasi-maternelle. L’homme peut alors accepter de voir la misère, la pauvreté, l’étroitesse de sa vie. Face à nos difficultés à aimer et à pardonner, Dieu lui-même vient combler nos manques et restaurer notre humanité pour nous orienter vers une vie plus donnée.
En latin Miseri veut dire « les pauvres » et Cor, « le cœur ». Miseri-cor, c’est le cœur vers les pauvres.
La miséricorde consiste à avoir le cœur qui bat pour les pauvres. Quoi de plus beau, de plus chaleureux, de plus courageux !
Le mot miséricorde, dit Saint Thomas d’Aquin, signifie un cœur rendu misérable par la misère d’autrui.
La miséricorde, c’est la compassion pour toutes les formes de souffrances ; c’est la patience bienveillante devant la lenteur de la conversion ; c’est le pardon généreux envers qui se reprend ; c’est le cœur qui s’ouvre devant la misère du prochain. Ce cœur sensible à la misère ne se réduit pas à des sentiments à de l’émotion. Ce cœur est une attitude de toute la personne, un engagement de la volonté, à la fois une disposition de l’âme et une manière d’agir. Il pousse à vouloir faire cesser la misère du prochain comme on le ferait pour la sienne.
La miséricorde n’est pas une posture humaine, même relookée. C’est l’être intime de Dieu, son cœur de Père, sa bienveillance envers les hommes et le monde, son attribut ultime, l’expression la plus haute de sa justice.
La miséricorde, telle que l’Écriture Sainte nous la dévoile, c’est Dieu saisi aux entrailles par ma détresse qui vient à mon secours et me délivre.
La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours.
Pape François, Bulle d’indiction, N°6
« La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre. La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché. » Pape François, Bulle d’Indiction, N°2.
« La miséricorde de Dieu n’est pas une idée abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle Il révèle son amour comme celui d’un père et d’une mère qui se laissent émouvoir au plus profond d’eux-même par leur fils. Il est juste de parler d’un amour « viscéral ». Il vient du coeur comme un sentiment profond, naturel, fait de tendresse et de compassion, d’indulgence et de pardon. »
Dans le judaïsme
On dit dans le judaïsme que la miséricorde dépasse tout autre concept. Dieu est miséricordieux, cela dépasse l’amour, la bonté, la compassion, la grâce.
En hébreu, ce mot (Rahmanout) qui est fait sur la racine rehem qui signifie « utérus », matrice. On passe du cœur de la chrétienté au ventre. La miséricorde dans le judaïsme va faire appel à quelque chose de très intime. C’est sans raisonnement, ce sont les entrailles. C’est le charnel, de l’incarnation. C’est quelque chose de maternel. On entre dans une maternité divine.
La miséricorde c’est le niveau de la maternité divine, des entrailles divines. Il est supérieur à tous les niveaux car il fait appel à une folie d’amour.
Pour les religions monothéistes, la miséricorde exprime ce que Dieu a de plus profond à communiquer. Le second nom de l’amour dans sa capacité à être proche de toute souffrance.
C’est ainsi que le Dieu biblique se présente à Moïse en disant « J’ai vu la misère de mon peuple…je suis résolu à le délivrer » (Ex. 3,7s). Sur le mont Sinaï, il se révèle avec les mots : « Le Seigneur, le Seigneur, Dieu de miséricorde et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité », et toute la Bible est la confirmation de cette phrase.
Tous les prophètes insistent sur la miséricorde de Dieu à l’égard de son peuple, qui l’emporte toujours sur le jugement contre l’impiété et l’injustice d’Israël qui le conduira en exil. C’est ainsi qu’Esaïe annonce que Dieu va consoler son peuple et le libérer en préparant une route dans le désert (40,1-3)
Les psaumes chantent la miséricorde de Dieu avec les paroles de la révélation au Sinaï : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et abondant en miséricorde…Il ne garde pas rancune à jamais, il ne nous traite pas selon nos fautes » (103).
Le psaume 136 chante à chaque ligne : « Car éternelle est sa miséricorde ».
La miséricorde de Dieu est son amour tendre : le terme hébreu (rahamim) désigne le sein maternel, la matrice. Une manière extraordinairement parlante pour désigner l’amour immense et immortel de Dieu pour son peuple : « Est-ce qu’une femme peut oublier son nourrisson, ne plus aimer le fils de ses entrailles », se demandait le prophète (Es. 49,15). Même si la mère oubliait, Dieu, lui, ne peut oublier. Il nous aime plus qu’une mère peut aimer son enfant chéri et unique.
Un autre terme (hesed) indique la fidélité, la tendresse qui relève l’autre dans sa dignité.
Dieu est miséricordieux en soi, Il n’a pas besoin de la misère pour être miséricordieux.
Le croyant est appelé à répondre à la miséricorde divine en la pratiquant. En effet, si Dieu fait miséricorde à son peuple, il lui demande aussi d’être à son tour miséricordieux :
« C’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices », dit Osée (6,6). Un texte que Jésus cite à deux reprises. (Mat. 9,13 ; 12,7).
Commençons par un texte du Talmud, qui dit que les trois patriarches sont associés à une vertu particulière : Abraham à la vertu de bonté, Isaac à celle de justice et de force. A la figure de Jacob est relié le symbole de la miséricorde.
Dans la tradition juive, la miséricorde est la synthèse entre la bonté et la justice. Toute la difficulté de la miséricorde est de trouver le juste équilibre.
Pour le penseur juif André Neher, la miséricorde est « un terme clé de la liturgie juive, terme non interchangeable. La formule « Père miséricordieux » apparaît dans la prière quotidienne juive.
Dans la tradition juive, on note un déséquillibre entre les deux principaux attributs de Dieu : la miséricorde n’est pas limitée, alors que la justice l’est.
Philon d’Alexandrie écrit : « En lui la miséricorde est plus ancienne que la justice ». Et selon les philosophes juifs du Moyen Age, la miséricorde n’est pas une partie de l’être divin, mais sa manifestation la plus profonde. La Bible disait qu’il est « plein de miséricorde » ; son nom est miséricorde.
Les 13 attributs de miséricorde
Après la faute du veau d’or, Dieu veut exterminer Israël, mais Moïse intercédera auprès de Dieu qui retiendra Sa colère.
Par ce pardon, Il révélera à son prophète les 13 attributs de miséricorde qui soulignent le Pardon Divin
le premier attribut est le nom de “l’Eternel”. … Car parfois le tétragramme désigne l’essence divine [Dieu en Lui-même] et parfois un attribut [Dieu en relation avec le monde]. …
le 2ème attribut est “tout puissant”,
le 3ème clément,
le 4ème miséricordieux,
le 5ème tardif à la colère,
le 6ème plein de bienveillance,
le 7ème équité,
le 8ème Il conserve sa faveur à la millième génération,
les 9ème, 10ème et 11ème Il supporte le crime, la rébellion, la faute.
le 12ème Il pardonne, et ne pardonne pas [en fonction du jugement],
le13ème Il se souvient de la faute des pères [en circonstances atténuantes pour les enfants].
A tel point que, dans le judaïsme, Dieu sera appelé « Le Miséricordieux ».
Un thème que Jésus a amplement développé et vécu, lui qui nous appelle à être miséricordieux comme son Père et à l’imiter dans son amour livré jusqu’au bout.
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