Qui étaient les Cathares ?

Le terme, tiré du grec katharos (« pur »), a été utilisé d’abord pour désigner une secte de Rhénanie. Ses idées étaient assez comparables à celles exprimées, en Lombardie ou dans le midi de la France, par d’autres groupes hérétiques.

Source : Jean Sévillat, Historiquement correct, « Les cathares : une secte dangereuse », Perrin (2003), p. 52-54, extraits remis en page.

D’où viennent les Cathares ?

Aux XIe et XIIe siècles des courants hérétiques parcourent l’Europe. […]
Dans le nord de la France, certains cercles revendiquent une pureté évangélique qui aurait été “trahie” par l’Eglise. Vers 1170, Pierre Valdès, un marchand de Lyon, abandonne sa famille et ses biens pour prêcher la pénitence et la pauvreté. Refusant les sacrements et la hiérarchie ecclésiastique, sa doctrine est condamnée par son évêque, puis par le pape. Ses fidèles (les Vaudois) excommuniés, se maintiendront clandestinement en Provence,
dans le Languedoc, dans le Dauphiné, en Italie.

À la fin du XIe siècle, un mouvement de contestation de l’Église se développe dans l’actuel sud-ouest de la France. C’est ici qu’apparaissent ceux que nous appelons les cathares. […] Leur pensée repose sur un dualisme absolu.
Le catharisme oppose deux principes éternels.

Le bon qui a enfanté les esprits, les âmes, le Bien.
Et le mauvais qui est à l’origine de la matière, du corps, du Mal.
Ce n’est pas Dieu qui a créé l’univers, c’est Satan. Toute réalité terrestre est donc marquée du signe du Mal.

La doctrine cathare

Les cathares, issus d’une société dont la culture est chrétienne, recourent à des notions issue des Evangiles, mais ils les réinterprètent. [1]

À leurs yeux, Jésus est un ange dont la vie terrestre n’a été qu’une illusion. Le Christ n’a donc p souffert pendant sa passion, il n’est pas mort et n’a pas eu à ressusciter.
La Vierge Marie, de même, était un pur esprit aux apparences humaines.
En s’évadant de la terre, royaume du Mal, l’âme se dépouille [par la mort] de son enveloppe impure pour rejoindre le royaume de l’esprit.
La religion cathare distingue deux sortes de fidèles

D’abord les croyants, qui conservent leurs habitudes extérieures.
Puis les parfaits qui, passés par le rite de l’imposition des mains, le consolamentum (et pouvant dès lors le conférer), forment le noyau de cette contre-Église.

Un comportement sectaire

Ayant rompu avec leur famille les parfaits vivent en communauté. Leur morale étant établie sur la séparation de l’âme et du corps, ils observent la plus stricte continence.

Se nourrissant le moins possible, ils suivent un régime végétarien, refusant tout produit animal (viande, lait, fromage, oeufs). Cette épreuve du renoncement (endura), certains la poussent à l’extrême : selon certaines sources, des cas de mort par inanition sont attestés.

En vertu de la même logique, les parfaits pratiquent l’abstinence sexuelle. La chair étant impure et la procréation criminelle (mettre un enfant au monde, c’est précipiter une nouvelle âme dans le royaume du Mal), ils se vouent à la chasteté. En conséquence, celui qui a reçu le consolamentum est voué au célibat ou doit quitter son conjoint. Certains parfaits, cependant, admettent les relations charnelles ; condamnant seulement l’institution du mariage, ils en viennent à prôner la liberté sexuelle.

Plus qu’une hérésie, le catharisme constitue une remise en cause intégrale du christianisme.
Récusant l’Église, la famille, la propriété et le serment d’homme à homme, les cathares nient les fondements de l’ordre féodal. Observant des rites initiatiques, obéissant à une hiérarchie secrète, ils présentent toutes-les apparences d’une secte. Une secte qui contrevient ouvertement à la morale commune de l’époque.

Développement de la secte

Et cette secte se développe.

À partir de 1160, le catharisme s’organise. Il ne possède pas de clergé, mais, à Toulouse, Albi et Carcassonne, certains parfaits remarqués pour leur zèle prennent la tête de « diocèses ».
En 1167, un concile cathare se tient à Saint-Félix-de-Lauragais, sous l’autorité d’un évêque hérétique venu de Constantinople. La noblesse locale est touchée.
En 1205, la comtesse de Foix quitte son mari et devient parfaite. Dans le Mirepoix, trente-cinq vassaux du comte de Foix se convertissent au catharisme. Les artisans sont gagnés à leur tour : la corporation des tisserands du Languedoc se fait cathare.
À Béziers, en 1209, 10% de la population est touchée par l’hérésie.

Notes
[1] Raison pour laquelle on parle du catharisme comme d’une « hérésie ».

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